Ivresses d’antan: Bacchus en Canada, de Catherine Ferland

Pour les amateurs de vin, le monde du livre est plus prodigue à l’automne qu’au printemps, les éditeurs produisant alors les guides annuels et autres beaux livres destinés à se retrouver sous le sapin de Noël. Pour ce début d’année, la maison Septentrion en a toutefois gardé un très beau pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du vin – et des autres boissons alcoolisées – au Québec.

Bacchus en Canada: Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France, de Catherine Ferland (présente au Salon du livre de Québec ce weekend), offre en effet un solide tour d’horizon de l’importation, de la production et de la consommation d’alcool en Nouvelle-France, de l’arrivée des Européens à la Conquête.

Les Québécois d’aujourd’hui reconnaîtront assez bien les grandes lignes de la consommation de l’époque, à certains chapitres: le vin et les spiritueux sont avant tout importés, particulièrement de France, tandis que la bière et le cidre font l’objet d’une production locale plus significative. Les classes plus fortunées cherchent les vins plus coûteux et possèdent des celliers, tandis que la majorité de la population consomme des boissons plus courantes de façon plus immédiate. Quelques boissons d’inspiration locale (des alcools aromatisés à l’érable, par exemple, ou encore la fameuse bière d’épinette) font aussi leur apparition au fil du temps. Plus ça change…

Au-delà de ces grandes lignes, l’auteur explore quantité de détails intéressants, de l’usage de la verrerie sur les grandes tables aux tentatives de production locale de vin, en passant par les fluctuations de l’approvisionnement en alcool en temps de guerre (l’affaiblissement du commerce venant soutenir la production locale. L’importance des revenus fiscaux sur l’alcool, ainsi que les rapports entre ivresse et criminalité font aussi partie des sujets explorés. Un tour d’horizon plutôt complet, dans la mesure où les sources sont disponibles.

Adapté d’une thèse de doctorat, le livre est dans l’ensemble accessible, à l’exception peut-être du chapitre consacré à la consommation d’alcool chez les Amérindiens, une question pour le moins délicate que Catherine Ferland analyse de façon très serrée, soupesant les différentes hypothèses qui ont été mises de l’avant face aux problèmes de consommation excessive relatés dès les premiers temps de la colonie.

Bacchus en Canada demeure la seule étude du genre sur ce sujet fascinant de l’histoire quotidienne (et sociale, et économique), pour l’époque de la Nouvelle-France. Au-delà de cette époque, il n’y a pas grand chose d’autre de publié, à part l’Histoire de l’alcool au Québec parue chez Stanké en 1986 (sous la plume de Robert Prévost, Suzanne Gagné et… Michel Phaneuf). La contribution de ce nouveau volume est donc on ne peut plus bienvenue.

À noter que, si vous voulez rencontrer l’auteure au Salon du livre, elle sera présente au stand des éditions Septentrion (207) pour des séances de signature ce soir (jeudi) de 19h30 à 21h, samedi de 14h à 15h, et dimanche de 15h à 16h. Elle participe aussi à une rencontre d’auteurs animée par Catherine Lachaussée, ce soir (jeudi) à 18h30, sur la Scène des rendez-vous littéraires.

Trois autres auteurs de livres sur le vin, soit Jean Aubry (chroniqueur au Devoir et auteur de Les 100 meilleurs vins à moins de 25$), Janine Saine (Sur la route des vins de Brome-Missisquoi) et Jean-Louis Doucet (Les meilleurs vins de 10 à 30$). Les détails de leur présence sont disponibles ici.

Catherine Ferland, Bacchus en Canada. Boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France. Québec, Septentrion, 2010, 420 pages.

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2 commentairesLaisser un commentaire

  1. Super! J’ai acheté le livre et je me demandais si elle allait être présent au salon. Je vais aller faire mon tour.

    • Content de faire le lien. C’est une bonne étude – avec plein de notes sur le brassage de la bière, en prime!


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