Vous voulez du vin canadien au Québec? Signez la pétition.

L’été dernier, la Chambre des Communes a adopté une loi qui éliminait un « crime » des lois fédérales: le fait de transporter du vin, à des fins personnelles, d’une province à l’autre.

Bref, si vous aimez, mettons, les vins de chez Tantalus, en Colombie-Britannique, ou les mousseux de Benjamin Bridge, en Nouvelle-Écosse, et que ces vins ne sont pas disponibles au Québec, la loi vous permettrait désormais d’en ramener avec vous (ce qui était auparavant illégal, mais pas très sanctionné, clairement) ou de vous en faire expédier du vignoble à votre maison.

Seulement, la loi soumettait l’application des règles concernant l’envoi de vin d’une province à l’autre à chacune des provinces, puisque celles-ci ont la pleine autorité sur le commerce du vin sur leur territoire. À ce jour, quatre provinces (la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario) ont ouvert la porte à l’envoi de vin vers leurs résidents. Le Québec, lui, a dit non.

Le refus, on le comprendra, a comme principale vertu d’emmerder les amateurs de vin les plus passionnés. Ceux qui se donneraient tout le mal que ça représente d’aller commander une caisse de vin à l’autre bout du pays. Bref, les meilleurs clients de la SAQ.

On peut comprendre l’intérêt du gouvernement du Québec à protéger sa vache à lait alcoolique, qui rapporte des revenus significatifs à l’État. Toutefois, on voit mal comment les quelques passionnés qui voudraient se commander une cuvée particulière à l’autre bout du pays pourraient lui nuire.

Le consommateur n’y trouve pas d’économies, une fois qu’on tient compte des frais de transport. Les prix de la SAQ, contrairement à ce que certains chercheurs vindicatifs voudraient faire croire, sont assez compétitifs par rapport à la moyenne canadienne. (Voyez à ce sujet ce match comparatif de David Pelletier, le sympathique Sommelier Fou.)

En termes de diversité de produits, la SAQ est de loin la meilleure source de vins au Canada, si on tient compte des deux filières de vente, soit la vente en succursales et l’importation privée. Bref, même si la loi permet en théorie au consommateur de faire voyager n’importe quel vin, pas seulement canadien, d’un bout à l’autre du pays, les chances sont faibles que M. Untel, à Sherbrooke, se fasse venir une palette de Gran Coronas de Torres pour contourner la SAQ.

Le passionné qui commanderait un riesling de l’Okanagan ou un pinot de l’Ontario pour sa cave risque de commander un vin qui n’est tout simplement pas disponible au Québec autrement. Bien des cuvées canadiennes ne parviennent pas au Québec, pour des questions de coût, de possibilités du marché ou de production limitée. On voit mal comment ce créneau limité pourrait vraiment créer un problème au Monopole.

Pour essayer de pousser la SAQ et le gouvernement du Québec à revenir sur leur refus un brin obtus, on peut certainement commencer par signer la pétition qui a été lancée sur le site de l’Assemblée nationale du Québec. À ce jour, près de 3000 personnes l’ont signée. Si ça vous intéresse, vous avez jusqu’au 6 mars pour y apposer votre nom. Ce qui serait une bonne petite façon d’amener la vente d’alcool au Québec et au Canada vers un fonctionnement plus près de la réalité de 2013 que de la prohibition et des lois de 1928…

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Le sucré et le fruité: Liano, Bojo et édulcoration des vins

Si vous achetez une bouteille de rouge pour le souper, vous avez probablement l’impression que vous achetez un vin sec. Après tout, les vins desserts comme le porto ou le banyuls, qui gardent une bonne dose de sucre résiduel, sont dans une catégorie différente, sur les rayons de votre caviste préféré (généralement connu au Québec sous le nom de « SAQ »). Même s’il y a du fruit mûr à revendre, dans un vin de table, tout le sucre a été converti en alcool et le vin est donc ce qu’on définit comme sec. N’est-ce pas?

Pas nécessairement. Plusieurs marques populaires au Québec, comme le Ménage à Trois, l’Apothic Red ou les Yellow Tail ont un taux de sucre résiduel assez significatif. On parle souvent de 10 à 15 grammes de sucre par litre (1 à 1.5% de sucre résiduel). C’est comme ajouter deux ou trois cuillerées à thé de sucre à une bouteille de vin – ce qui n’est pas rien. J’en ai eu un exemple assez clair, il y a quelques mois, lors d’un souper de semaine bien ordinaire.

En décembre dernier, j’ai en effet ouvert une bouteille de Liano, un très populaire assemblage de sangiovese (70%) et de cabernet sauvignon (30%) produit en Émilie-Romagne par la maison Umberto Cesari. J’avais reçu le vin en cadeau et j’étais très curieux de le goûter, vu sa popularité au Québec. Disons que mon premier commentaire, sur Twitter, n’a pas été des plus positifs.

Quand j’ai pris ma première gorgée, les enfants m’ont vite demandé ce qui n’allait pas, voyant ma grimace. « C’est sucré », que je leur ai répondu en faisant une moue qui reflétait mon déplaisir. Je n’étais vraiment pas épaté. Plus de 25$ pour ça, un vin sans subtilité, à rendement élevé, produit en masse? Même avec un repas viandeux, supposément bien assorti à un vin plus rond et plus fruité, ça n’allait pas. « C’est pour le dessert, gros bêta », m’a répondu un collègue chroniqueur vins, toujours sur Twitter, en rigolant gentiment de ma réaction.

Effectivement, je continue d’être étonné (suite…)

La SAQ «Terroirs d’ici» du Château Frontenac ferme ses portes? Ouvrez en une autre!

Mauvaise nouvelle pour les producteurs de boissons alcoolisées du terroir québécois: comme on l’apprenait hier par les bons soins de Radio-Canada (entre autres), la Société des alcools du Québec fermera, le 16 avril prochain, sa succursale «Terroirs d’ici» du Château Frontenac, un espace consacré principalement aux vins, cidres et autres boissons locales.

Bien dommage en effet car, même si les produits du terroir trouvent graduellement leur place sur les rayons de la SAQ, l’espace que leur réserve la succursale moyenne reste un brin discret. Pour le monopole des ventes de vins et spiritueux au Québec, avoir une vitrine où les produits québécois prennent le haut du pavé ne semble pas périphérique ou accessoire, mais une certaine responsabilité sociale envers des producteurs qui font vivre bien des bouts du territoire québécois. L’enthousiasme de la Société des alcools, quand vient le temps de soutenir ses vignerons et cidriculteurs locaux reste passablement discret, si on le compare à celui offert par les monopoles de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, voire même de la Nouvelle-Écosse. Voire disparaître une telle vitrine, sans remplacement clair, est plus que triste.

Les raisons invoquées par la SAQ sont, sur certains points, tout à fait valables. La succursale, dépourvue d’une vitrine claire sur la rue Saint-Louis, installée dans un demi sous-sol peut-être pas aussi convivial qu’il le faudrait, sans compter le stationnement (gratuit, certes, mais il fallait le savoir) souffrait d’un manque d’achalandage depuis qu’elle était, autrefois, le premier lieu d’accueil de la SAQ Signature de Québec. Le bail, selon la SAQ, était élevé.

D’accord pour tout ça, on peut certainement faire mieux.

Mais envoyer les produits dans une succursale de Sainte-Foy, ce n’est pas faire mieux. Certainement pas, en tout cas, si on veut faire découvrir aux gens d’ici et d’ailleurs ce qui se fait de bon dans les vignobles, vergers et hydromelleries d’ici. La présence d’une succursale dédié aux « terroirs d’ici » au coeur du Vieux-Québec – et donc de la zone touristique principale de la capitale québécoise – était et demeure une initiative qui tombe sous le sens.

Il existe certainement un magasin de gogosses touristiques dont le bail pourrait être repris, quelque part dans le Vieux-Québec, sur une rue bien achalandée, pour faire une succursale consacrée au terroir québécois. Une succursale qui trouverait sa clientèle et qui saurait mettre en valeur les savoir-faire d’ici.

Comme on dit en serbo-croate, where there’s a will, there’s a way. Avec un peu de volonté, la SAQ pourrait certainement trouver le moyen de créer un lieu qui pourrait permettre, comme il se doit, la découverte des cidres, vins, hydromels, alcools fins et autres boissons aux petits fruits dont la qualité ne cesse de progresser.

J’y allais régulièrement, pour y avoir un panorama de ce qui se fait ici, pour trouver des bouteilles pour des articles rédigés pour Coup de Pouce, Châtelaine et d’autres publications diverses. J’y allais aussi pour y trouver des cadeaux pour des amis que je visitais à l’étranger. Des amis qui en ont redemandé, parfois. Et qui auront probablement le goût, ainsi, de venir découvrir des produits locaux, lors d’un prochain passage au Québec. Une vitrine, ça peut servir de bien des façons.

 

Quand James Suckling aime les vins québécois

Je ne suis pas un grand fan de James Suckling, je suis pour le moins sceptique de sa façon de marquer les vins sur 100 points et je me suis interrogé, comme beaucoup de collègues du monde du vin québécois, sur la promotion qu’il a mené avec la SAQ, ces dernières semaines (voir l‘article de Bill Zacharkiw dans The Gazette, à ce sujet). Ceci dit, je ne peux m’empêcher de me réjouir qu’en dégustant des dizaines de vins canadiens, il y a deux semaines, à Montréal, il ait beaucoup aimé quelques vins québécois.

Voyez plutôt ses notes, d’abord sur le Vidal 2007 du Domaine Les Brome:

This is like a Pinot Gris from Alsace with some good vanilla cream and dried pineapple aromas and flavors. It’s full, fruity yet dry. Lots going on. Lavender and sandalwood. Fascinating.

Et sur le Saint-Pépin Réserve de la même maison:

Reminds me of a white Bordeaux with sesame seed and lemon curd character. Full bodied, with good fruit and chalky finish. Dried fruits too. Made from St.-Pepin, a hybrid.

Très belles notes aussi pour le Saint-Jacques Réserve, un assemblage d’hybrides blancs du domaine du même nom:

Fascinating aromas and flavors of pears, melons and green apples. Stylish white. Lean and fruity with a butter undertone. Like it. Hybrid blend and stylish.

Il a aussi beaucoup aimé le vin de glace du Vignoble Le Marathonien, un des meilleurs produits au Québec, selon moi:

Like a BA Scheurebe from Rheinpfalz. Full bodied, with intense honey, molasses and toffee. Very intense and powerful. Crazy finish. Very sweet. Made in Quebec. Wow.

Pour ce que ça vaut, ces quatre vins dégustés dans les circonstances que Suckling précise ici ont obtenu une note supérieure à 90. Je m’interroge un peu sur les millésimes qu’il a dégustés, puisqu’on parle, sur le site, du 2007 pour le Vidal Les Brome et le Réserve Saint-Jacques, qui ne sont pas les millésimes courants. Les vignobles ont probablement choisi d’envoyer des vins un peu plus matures, d’un très bon millésime – ce qui, si c’est bien le cas, semble avoir été une très bonne décision. Le rapport complet sur les vins canadiens est réservé à ses abonnées, mais on peut avoir accès aux critiques par ce lien. Les notes sur les vins canadiens sont datées du 26 février.

Pour tout vous dire, j’ai réalisé récemment une entrevue avec James Suckling, entrevue qu’il a d’abord hésité à m’accorder, ayant vu les nombreuses critiques, parfois assez dures, que j’ai formulées à son sujet, sur Twitter et sur un billet de mon blogue anglais, à propos de l’échelle de 100 points. Après avoir discuté de la chose, l’entretien a été assez sympathique, au total, et il a répondu de bonne grâce à des questions parfois critiques sur son approche et le contexte parfois un peu houleux qui a entouré son départ de Wine Spectator et le lancement de son propre site. Un point pour lui.

Pour le reste, je vous laisserai juger en mai, quand le tout sera publié.

Tastecamp, prise 2: en route vers les Finger Lakes

Ce weekend, le côté social des médias sociaux prendra un élan particulier, côté vin, alors qu’une trentaine de blogueurs Américains, Canadiens et Québécois se réuniront au nord-ouest de l’État de New York pour le deuxième Tastecamp East, un rendez-vous viticole éminemment sympathique – et professionnel – autour d’une région viticole.

L’année dernière, l’événement fondé par Lenn Thompson, du New York Cork Report, avait permis une tournée des vignobles de Long Island (dont plusieurs sont vraiment de classe mondiale).  Cette année, le groupe aura l’occasion de déguster quelque 150 vins de plus de 35 domaines (beaucoup de riesling, du cabernet franc, du pinot noir et quelques hybrides), tous venus des vignobles des Finger Lakes, région située autour de quelques lacs de forme allongée (comme des doigts, tiens), située au sud du lac Ontario.

La région est déjà modestement représentée sur les rayons des succursales de la SAQ, avec deux vins de très bonne tenue: le riesling 2007 du Dr Konstantin Frank, un des domaines vétérans de la région, et le riesling 2006 de la maison Lamoreaux Landing. Ce dernier offre un bel équilibre entre ses notes citronnées, son épice (gingembre) et ses notes minérales, voire légèrement pétrolées. De quoi m’encourager à aller voir de quel raisin on se chauffe par là.

Pour en savoir plus sur ce qui se trame à ce Camp du Goût – où se trouvera aussi un autre blogueur de Québec, Julien Marchand – vous pouvez suivre le marqueur (hashtag) #tastecamp sur Twitter, qui vous donnera les réactions sur le vif des participants. J’essaierai aussi de bloguer pendant le weekend, malgré un horaire bien chargé, merci. Pas tout à fait une colonie de vacances, le Tastecamp: plutôt une manière de joindre l’utile à beaucoup d’agréable.

Vente aux enchères du restaurant Les Chenêts: des caisses, des crus, pas d’aubaines

Ce Mouton-Rothschild 1970, à l'étiquette conçue par Chagall, fait partie des 1120 lots aux enchères jusqu'à demain soir.

C’était visiblement une cave véritablement hors du commun que Michel Gillet avait créé au restaurant Les Chenêts. Après une première vente aux enchères qui recelait quelques beaux lots et un peu de bric-à-brac, une deuxième qui était nettement plus impressionnante, voilà qu’il y a un troisième et dernier acte encore plus impressionnant, axé sur les grands bordeaux et bourgognes, souvent vendus en caisses entières.

Je m’y prends un peu tard pour vous en parler, puisque (suite…)

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