Mauvaise nouvelle pour les producteurs de boissons alcoolisées du terroir québécois: comme on l’apprenait hier par les bons soins de Radio-Canada (entre autres), la Société des alcools du Québec fermera, le 16 avril prochain, sa succursale «Terroirs d’ici» du Château Frontenac, un espace consacré principalement aux vins, cidres et autres boissons locales.
Bien dommage en effet car, même si les produits du terroir trouvent graduellement leur place sur les rayons de la SAQ, l’espace que leur réserve la succursale moyenne reste un brin discret. Pour le monopole des ventes de vins et spiritueux au Québec, avoir une vitrine où les produits québécois prennent le haut du pavé ne semble pas périphérique ou accessoire, mais une certaine responsabilité sociale envers des producteurs qui font vivre bien des bouts du territoire québécois. L’enthousiasme de la Société des alcools, quand vient le temps de soutenir ses vignerons et cidriculteurs locaux reste passablement discret, si on le compare à celui offert par les monopoles de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, voire même de la Nouvelle-Écosse. Voire disparaître une telle vitrine, sans remplacement clair, est plus que triste.
Les raisons invoquées par la SAQ sont, sur certains points, tout à fait valables. La succursale, dépourvue d’une vitrine claire sur la rue Saint-Louis, installée dans un demi sous-sol peut-être pas aussi convivial qu’il le faudrait, sans compter le stationnement (gratuit, certes, mais il fallait le savoir) souffrait d’un manque d’achalandage depuis qu’elle était, autrefois, le premier lieu d’accueil de la SAQ Signature de Québec. Le bail, selon la SAQ, était élevé.
D’accord pour tout ça, on peut certainement faire mieux.
Mais envoyer les produits dans une succursale de Sainte-Foy, ce n’est pas faire mieux. Certainement pas, en tout cas, si on veut faire découvrir aux gens d’ici et d’ailleurs ce qui se fait de bon dans les vignobles, vergers et hydromelleries d’ici. La présence d’une succursale dédié aux « terroirs d’ici » au coeur du Vieux-Québec – et donc de la zone touristique principale de la capitale québécoise – était et demeure une initiative qui tombe sous le sens.
Il existe certainement un magasin de gogosses touristiques dont le bail pourrait être repris, quelque part dans le Vieux-Québec, sur une rue bien achalandée, pour faire une succursale consacrée au terroir québécois. Une succursale qui trouverait sa clientèle et qui saurait mettre en valeur les savoir-faire d’ici.
Comme on dit en serbo-croate, where there’s a will, there’s a way. Avec un peu de volonté, la SAQ pourrait certainement trouver le moyen de créer un lieu qui pourrait permettre, comme il se doit, la découverte des cidres, vins, hydromels, alcools fins et autres boissons aux petits fruits dont la qualité ne cesse de progresser.
J’y allais régulièrement, pour y avoir un panorama de ce qui se fait ici, pour trouver des bouteilles pour des articles rédigés pour Coup de Pouce, Châtelaine et d’autres publications diverses. J’y allais aussi pour y trouver des cadeaux pour des amis que je visitais à l’étranger. Des amis qui en ont redemandé, parfois. Et qui auront probablement le goût, ainsi, de venir découvrir des produits locaux, lors d’un prochain passage au Québec. Une vitrine, ça peut servir de bien des façons.