L’énigme des vins secrets: c’est dans le Rhône que ça se passe…

Les trois bouteilles de Secret Wine reçues de France.

L’idée était plutôt jolie et elle a visiblement attiré pas mal de monde. L’Agence Clair de Lune, une boîte de relations publiques française spécialisée notamment dans le vin et la gastronomie, a conçu une promotion destinée aux blogueurs spécialisés dans le vin, en France et dans le monde entier. Intitulée Secret Wine, la promotion consistait à  envoyer aux blogueurs inscrits trois bouteilles de vin non identifié, dans des bouteilles aux étiquettes portant simplement les mots « Secret Wine » et un numéro (j’ai reçu les bouteilles 079, 390 et 714 comme… possiblement tout le monde, finalement), avec un bouchon synthétique vert.

85 blogueurs s’étant inscrits – dont moi – c’est potentiellement une solide couverture pour les clients de l’agence, puisqu’on peut présumer que les vins proviennent de clients de Clair de Lune. Le défi: deviner les appellations des trois vins. Les récompenses: un voyage oenotouristique et des coffrets découverte de six bouteilles de vin.

Pour tout vous dire, je ne me suis même pas rendu compte, (suite…)

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Published in: on 4 octobre , 2010 at 1:37  Comments (3)  

Des vignerons et une historienne au Salon des vins de Montréal (et un weekend à Québec)

Voilà, la grande messe biennale du vin est en cours, à Montréal, jusqu’à dimanche après-midi. Le Salon des vins et spiritueux de Montréal a ouvert ses portes hier après-midi (tandis qu’en face, les agences spécialisées dans l’importation privée recevait une clientèle de restaurateurs enthousiastes au Restaurant Toqué).

Que faire sur place? Rencontrer des producteurs (plus de 200), découvrir des cuvées rares (des centaines de vins d’importation privée sont en dégustation), écouter des conférences sur le champagne (par Guénaël Revel), l’inventivité culinaire et le sauternes, les eaux de vie d’Alsace ou les rieslings de Dr Loosen.

On pourra même y entendre (suite…)

Vente aux enchères du restaurant Les Chenêts: des caisses, des crus, pas d’aubaines

Ce Mouton-Rothschild 1970, à l'étiquette conçue par Chagall, fait partie des 1120 lots aux enchères jusqu'à demain soir.

C’était visiblement une cave véritablement hors du commun que Michel Gillet avait créé au restaurant Les Chenêts. Après une première vente aux enchères qui recelait quelques beaux lots et un peu de bric-à-brac, une deuxième qui était nettement plus impressionnante, voilà qu’il y a un troisième et dernier acte encore plus impressionnant, axé sur les grands bordeaux et bourgognes, souvent vendus en caisses entières.

Je m’y prends un peu tard pour vous en parler, puisque (suite…)

Dégustation: Le voile de la mariée 2008, Vignoble Sainte-Pétronille

Même si, comme on se plaît à le répéter, l’île d’Orléans a été nommée « Isle de Bacchus » par Jacques Cartier, lors de ses voyages des années 1530, y faire pousser de la vigne reste un défi considérable. Le degré ou deux de moins, en moyenne, qu’offre le climat de la région de Québec, par rapport aux Cantons-de-l’Est ou à la Montérégie (où la culture de la vigne n’est déjà pas une évidence) rend la production de vin particulièrement exigeante.

Ce n’est pas ici qu’on fera pousser du cabernet sauvignon ou de la roussanne, pour produire des vins costauds ou exceptionnellement riches. Mais en s’ajustant aux conditions, et en choisissant des vignes hybrides adaptées au climat frais, afin de bien permettre au raisin de mûrir pleinement, on peut arriver à quelque chose de très sympathique.

C’est ce que prouve agréablement le Voile de la mariée, un assemblage de vandal-cliche et de vidal produit par le Vignoble Sainte-Pétronille. Depuis qu’ils ont repris la propriété en 2003, les propriétaires de ce vignoble fondé il y a presque vingt ans ont mis des efforts considérables, à la vigne et au chai, pour améliorer la qualité des produits.

D’une robe pâle et limpide, ce blanc frais présente des arômes de fleurs et de miel, avec un peu de poire et d’agrumes. En bouche, un brin de miel aussi, mais sur un ensemble sec, simple et assez bien équilibré. Une trace du caractère végétal parfois agaçant des cépages hybrides nord-américains persiste, mais le fruit frais domine, sur une acidité franche, sans être excessive, pour donner un vin désaltérant et sympathique.

On saluera le fait que le producteur est arrivé à ce résultat honorable dans un millésime aussi frais et pluvieux que 2008. En voilà qui semblent équipés pour relever les défis parfois éreintants que mère nature impose aux vignerons d’ici.

Le vignoble Sainte-Pétronille profite d'un superbe panorama sur le Saint-Laurent et la chute Montmorency.

Published in: on 29 novembre , 2009 at 7:05  Laissez un commentaire  

Un cognac à 1500$ – et d’autres délices plus abordables de la maison Ferrand

Le prix a de quoi vous faire avaler votre café-cognac un brin de travers. 1526,50$, pour un flacon de 700 millilitres, c’est pour le moins considérable. Et à la portée de peu. Mais est-ce vraiment trop pour un cognac Grande Champagne datant de 1914, une rareté arrivée par un très heureux concours de circonstance entre les mains de la maison Cognac Ferrand ?

En voyant apparaître les neuf bouteilles allouées au Québec dans les arrivages des SAQ Signature, les boutiques très haut de gamme de notre monopole d’État, le souvenir d’une exceptionnelle dégustation m’est revenu avec grand plaisir. En mars dernier, l’agence Bellavita Grands Crus, spécialisée dans les spiritueux avait en effet organisé, au restaurant L’Utopie, à Québec, un joli défilé de cinq cognacs Ferrand, commenté par Guillaume Lamy, maître de formation de la maison située dans la Grande Champagne, le terroir le plus réputé de cette appellation de spiritueux.

La première vertu de cette soirée aura sans doute été de souligner, grâce à des bouchées élaborées sur mesure par les chefs et sommeliers de l’Utopie, que le cognac n’a pas à être relégué au rôle de pousse-café, loin de là. Les accords proposés invitaient à considérer fortement le grand intérêt de servir du cognac avec le dessert – voire avec l’ensemble d’un repas.

Si la plupart des bouchées proposées étaient de petits desserts, la Réserve 1er Cru Grande Champagne, faite d’un assemblage de cognacs de 15 à 25 ans, était servie avec une mousse de foie gras confite au cidre de glace, agrémentée de mandarine et de poivre rose. Les aspects fruités, épicés et l’onctuosité du foie gras répondaient très bien au caractère onctueux, épicé et bien fruité du cognac, d’une grande finesse et d’une bonne complexité.

L’Ambre, le cognac « ordinaire » de la maison (plus âgé que la plupart des XO, avec son mélange de cognacs d’une moyenne de 10 ans – et vendu autour de 70$ la bouteille), avait été agréablement servi avec une mousse de mascarpone au sirop d’érable. L’érable révélait bien le boisé du cognac et se mariait bien à son côté vanillé et floral.

À chaque cognac son accord, disaient toutefois les deux services suivant, la Sélection des anges (cognacs de 25 à 35 ans) et l’Abel (cognacs de 40 à 50 ans), deux boissons aussi contrastées que possible, dans un registre complexe et prenant. Le premier, costaud, donnant dans le caramel, les fruits confits, le cuir et les épices, avait été associé à des saveurs prenantes : Kalhua, caramel, noisettes torréfiées, thé fumé. L’Abel, pour sa part, véritable dentelle, tout en délicatesse et en subtilité, aérien, long en bouche et complexe, rencontrait plutôt une pâte de poire à la fève tonka sur un croustillant aux cinq épices.

Et le fameux cognac de 1914, lui ? Il avait une belle histoire, en prime, puisqu’il s’agissait d’un cognac fait par les femmes, en cet automne où les hommes étaient partis pour ce qu’on pensait alors être une courte guerre. Une de ces dames avait conservé à sa cave une petite barriques de cette époque, avant d’approcher la maison Ferrand pour voir s’ils y étaient intéressés. Le maître de chai ne s’étant pas fait prier, le cognac fut acheté et embouteillé séparément, ce qui en fait un produit vraiment à part.

En effet, le cognac est un produit d’assemblage, les fabricants réunissant les caractères distincts de diverses cuvées pour produire un cognac « complet », avec le fruité de l’un, l’épicé de l’autre, le floral du suivant, etc. Le 1914, lui, avait donc un caractère plus singulier, moins rond, peut-être, mais très affirmé, conservant à presque cent ans un fruité étonnant, sous des notes de sous-bois, de rancio, de noisette et de vanille. Un liquide précieux qui faisait plaisir à boire autant par sa qualité que par son caractère véritablement unique. Car c’est aussi ça, le plaisir des boissons rares et anciennes : le fait qu’on ne rencontre ça qu’une fois dans sa vie. Si on est chanceux. Et ça, comme dirait l’autre, ça n’a pas de prix…

Riesling Jubilée 2005, Hugel: une note de dégustation et un hommage

La nouvelle a couru très vite, quelques heures à peine après son décès. Jean Hugel, patriarche de cette célèbre famille d’Alsace, plus connu comme Jeanny ou Johnny, est mort parmi les siens mardi soir, à l’âge vénérable de 84 ans. Un décès qui a été accueilli par une multitude de salutations senties et d’hommages, rendus par de nombreuses autorités et grandes figures du monde du vin.

Jancis Robinson y était presque la première, se remémorant ses rencontres avec le fier défenseur du vin alsacien et livrant le témoignage d’Étienne Hugel sur les derniers moments de son oncle. Sur le blogue de la maison Hugel, tenu justement par Étienne, les témoignages s’ajoutent d’heure en heure, avec des noms comme Christian Pol-Roger, Nicolas Jaboulet, Marc Perrin (Beaucastel), le chroniqueur Michel Bettane ou Pierre-Henry Gagey (président de l’Interprofessionnelle de Bourgogne). Le monde du vin salue une de ses grandes figures.

Le mot n’est pas galvaudé. Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, Jeanny Hugel a travaillé avec énergie à la reconnaissance des vins d’Alsace, notamment pour assurer une reconnaissance légale stricte aux vins de vendange tardive et de sélection de grains nobles. Il avait aussi oeuvré à la reconnaissance des meilleurs terroirs alsaciens, avant de claquer la porte devant un processus qu’il jugeait trop empreint de compromis. Pas question pour lui d’appuyer un concept dilué.

Et c’est ainsi que le Riesling Jubilée, la cuvée haut de gamme de la maison, provient du coeur du grand cru Schoenenbourg, même si on ne le dit pas, par principe, sur l’étiquette. On est, quoi qu’il en soit, dans un excellent terroir, sur une excellente année avec le millésime 2005.

Voilà un vin net, droit et fier, qui montre déjà tout son potentiel et son caractère, même s’il est clair, en le goûtant, qu’il sera bon pendant des décennies. La robe va dans le même sens, avec ses reflets verdâtres qui expriment la jeunesse du vin.

Le nez, compact, livre tout de même toute la complexité du vin: un peu de fruit à chair blanche, des notes florales, du conifère et des fines herbes, aligné sur une trame minérale qui annonce subtilement les aspects pétrolés que le riesling prend avec l’âge. 

L’attaque est claire, marquée par l’acidité franche d’un riesling bien mené et par des notes minérales affirmées. Le fruit mûr se révèle derrière ces premières impressions, avec du citron, de l’abricot frais et un peu de pomme cuite. Les saveurs sont intenses, la bouche ample, l’amertume finale s’intégrant parfaitement à un ensemble, ma foi, tout à fait impeccable.

En prime, sur une note bien personnelle, le nez évoque pour moi mes premières impressions spécifiques de vin, senties chez mes grand-parents lors d’une fête de famille. La minéralité du riesling et moi, ça fait longtemps qu’on se fait de l’oeil…

Alors voilà. En terminant ce billet, tout absorbé par la beauté de cette cuvée – qui ferait bien l’affaire avec du homard, mais qui était parfaite avec ma petite tartine de rillettes de canard de chez Julien Dupont, sympathique éleveur de Tewkesbury, au nord de Québec – je lève mon verre à la santé de M. Hugel, dont les vins continuent, depuis une bonne vingtaine d’années, d’être un rendez-vous régulier pour moi. Jamais été déçu. Et si le passé et garant de l’avenir, je serai encore au rendez-vous pour des années à venir. Ne serait-ce que pour goûter, à maturité, cet excellent Jubilée.

Published in: on 11 juin , 2009 at 6:15  Comments (1)  
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