Même si, comme on se plaît à le répéter, l’île d’Orléans a été nommée « Isle de Bacchus » par Jacques Cartier, lors de ses voyages des années 1530, y faire pousser de la vigne reste un défi considérable. Le degré ou deux de moins, en moyenne, qu’offre le climat de la région de Québec, par rapport aux Cantons-de-l’Est ou à la Montérégie (où la culture de la vigne n’est déjà pas une évidence) rend la production de vin particulièrement exigeante.
Ce n’est pas ici qu’on fera pousser du cabernet sauvignon ou de la roussanne, pour produire des vins costauds ou exceptionnellement riches. Mais en s’ajustant aux conditions, et en choisissant des vignes hybrides adaptées au climat frais, afin de bien permettre au raisin de mûrir pleinement, on peut arriver à quelque chose de très sympathique.
C’est ce que prouve agréablement le Voile de la mariée, un assemblage de vandal-cliche et de vidal produit par le Vignoble Sainte-Pétronille. Depuis qu’ils ont repris la propriété en 2003, les propriétaires de ce vignoble fondé il y a presque vingt ans ont mis des efforts considérables, à la vigne et au chai, pour améliorer la qualité des produits.
D’une robe pâle et limpide, ce blanc frais présente des arômes de fleurs et de miel, avec un peu de poire et d’agrumes. En bouche, un brin de miel aussi, mais sur un ensemble sec, simple et assez bien équilibré. Une trace du caractère végétal parfois agaçant des cépages hybrides nord-américains persiste, mais le fruit frais domine, sur une acidité franche, sans être excessive, pour donner un vin désaltérant et sympathique.
On saluera le fait que le producteur est arrivé à ce résultat honorable dans un millésime aussi frais et pluvieux que 2008. En voilà qui semblent équipés pour relever les défis parfois éreintants que mère nature impose aux vignerons d’ici.
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