Le nebbiolo: c’est un peu plus cher, mais c’est plus que du fruit

Des vignes de nebbiolo, le capricieux roi du Piémont, près de Serralunga d'Alba.

Ça m’est venu en buvant un verre de nebbiolo d’Aldo Conterno, à la mi-décembre. Et comme presque tout ce qui me passe par la tête, je l’ai tweeté:

http://twitter.com/#!/RemyCharest/status/15113514104389632

Et après avoir goûté d’autre nebbiolo durant les Fêtes, cette impression n’a cessé de se confirmer, pour moi: ce qui rend le nebbiolo si intéressant, c’est véritablement parce que, dans toutes ses expressions, des plus complexes et austères aux plus simples et faciles à boire, ce cépage capricieux et subtil ne se résume jamais à une simple dose de fruits. Et c’est pour ça que je l’aime tant.

Des cabernets dominés par le fruit, du gamay dominé par le fruit, même du pinot noir tout sur le fruit, ça se peut très bien. Bien sûr, on trouvera d’autres choses dans la palette aromatique des plus grands, des plus complexes. Mais dans des vins plus courants, des expressions plus simples, on sera facilement, d’abord et avant tout, presque à l’exclusion de toute autre chose, sur le fruit.

Pas avec le nebbiolo. Prenez le nebbiolo du Langhe 2008 des Produttori del Barbaresco, par exemple. Il a beau avoir de la cerise à revendre, il offre tout autant de notes florales, de cuir et de tabac, et d’autres choses encore, avec une petite astringence et une structure tannique qui font également partie du portrait, par définition. Et quelle que soit la cuvée à laquelle je puisse penser, je n’en ai jamais vu un céder le reste de son expression au règne du fruit, si fréquent dans notre ère oenologique moderne.

Il est comme ça, le nebbiolo, que voulez-vous. Il a son caractère à lui. Et comme me l’avait dit Angelo Gaja dans une entrevue que je citais déjà dans un billet d’il y a deux ans: «Le nebbiolo est plus fort que le style où l’interprétation. Il est plus fort que tout.»

Une main de fer dans un gant de velours.

Published in: on 11 janvier , 2011 at 6:00  Comments (6)  

The URI to TrackBack this entry is: https://achacunsabouteille.wordpress.com/2011/01/11/le-nebbiolo-cest-un-peu-plus-cher-mais-cest-plus-que-juste-du-fruit/trackback/

RSS feed for comments on this post.

6 commentairesLaisser un commentaire

  1. C’est merveilleux, le nebbiolo, surtout lorsqu’on l’oublie pour quelques années… Le fruit devient s’efface encore un peu plus et laisse toute la place au reste et les tanins s’assagissent, mais le vin conserve sa structure… Mioum!

    D’ailleurs, le Langhe dei Produttori représente un vol… Ce vin de 22$ permet d’entrevoir ce que peut donner un nebbiolo de haut vol…!

    • Tout à fait vrai que la patience est récompensée. Mais c’est intéressant que le vin dépasse dès le départ les arômes plus primaires. Je pense qu’il reste encore quelques bouteilles du Langhe des Produttori dans le réseau… je cours m’en rechercher.

  2. Barolo, Barbaresco, Roero, il y en a pour tout les goûts !
    Le site de Michele Chiarlo très bien fait, on peut voir la localisation des parcelles.
    http://www.chiarlo.it

    • Sans compter le Gattinara, le Valtellina, et même quelques coins audacieux de l’Ontario et de la Californie où il ne tombe pas non plus dans le tout fruit.

      Merci pour le lien.

  3. […] depuis que le baron Cavour et l’oenologiste Louis Oudart la version moderne du Barolo ou, comme l’ami Rémy Charest, que ça ne goûte pas que le fruit. Et en plus, le Piedmont, ça rappelle des beaux souvenirs de voyage. Vignoble de Il Bricco – […]

  4. Voici ce que Pierre Cros pense de son Nebbiolo… du Minervois: « … arômes de bigarreaux, de confiture de fraise, d’abricot sec et par moment des notes grillées. Des tanins élégants bien présents en finale. Belle longueur. Peut-être attendu. »
    Nebbiolo l’inattendu…


Laisser un commentaire