Vive le vin, vive le vin, vive le vin d’hiver

Contrairement à Arletty, dans Hôtel du Nord, le vin a vraiment une gueule d’atmosphère, qui se transforme au gré des occasions et des saisons.

Le vinho verde qui rafraîchit si bien, au bord de la piscine, le rosé rayonnant qu’on ressort dès que la température atteint le niveau terrasse, au printemps, passent moins bien la rampe quand on essaie de se remettre le thermostat en place après une séance de pelletage ou une promenade forcée sous une pluie fine et glaciale gâchant la blancheur naturelle de l’hiver.

Alors qu’est-ce qu’on boit, l’hiver? C’est le genre de question que je me pose depuis un petit moment, pour un projet encore très embryonnaire dont Francis Desharnais et moi avons commencé à jaser cet automne (et qu’il faudrait bien qu’on désembryonne bientôt…).

De façon plus immédiate, c’est aussi la question que m’a posé Clarah Germain, qui aborde également le sujet sur son blogue, aujourd’hui, dans une sympathique formule « billets croisés ».

Soleil rouge

Bien sûr, c’est une bonne saison pour les rouges intenses et savoureux, qui vous transmettront une bonne chaleur méridionale et ensoleillée. Des vins de Campanie ou des Pouilles, d’Espagne ou de Californie, du Rhône ou du Roussillon, voire du Sud-Ouest de la France, avec un fruité ample, mais aussi des épices, de la minéralité et, dans quelques beaux cas, un petit côté réglissé tout à fait pâmant. Avec un mijoté de boeuf ou d’agneau, là aussi de la cuisine réconfortante, c’est la luminothérapie par l’intérieur.

Pas trop froid, le blanc

Doit-on pour autant remettre le blanc au froid jusqu’au printemps? Pas du tout. Mais on choisira ses blancs autrement. C’est un temps de meursault, plus que de chablis, par exemple – un chardonnay riche et boisé, plutôt que frais et minéral. C’est un temps où j’affectionne particulièrement les blancs du Rhône et du midi (viognier, roussanne, marsanne, grenache blanc, voire l’excellent et intense grenache gris, malheureusement trop rare), ou encore ceux du sud de l’Italie comme les greco, fiano et autres falanghina. Des vins qui ont de la rondeur et une intensité aromatique impressionnante, avec des notes florales ou exotiques qui ont, elles aussi, le don de vous réchauffer. Et parlant de ça, ne les servez pas trop froids: sortez-les du frigo (si c’est là que vous les gardez) une bonne demi-heure avant de servir.

Méditations

Pour moi, l’hiver appelle aussi un autre type de dégustation, plus méditative et en demi-teintes. Musique douce, livre à la main, une bûche ou deux dans le foyer, si vous l’avez, et un verre de vin complexe et subtil à la main, idéalement avec quelques années dans le corps. On prend le temps de bien en humer les arômes, d’en apprécier les nuances non-fruitées (le cuir, le sous-bois, l’épice, l’iode, le tabac…), de goûter les saveurs fines (et tout de même intenses, à leur façon) et de bien porter attention aux textures douces, bien intégrées, fondues et équilibrées. C’est tout le contraire des bombes de fruits, et c’est justement le genre de choses auxquelles on peut porter attention plus facilement quand le froid nous garde un peu plus longuement à l’intérieur.

Douceurs durables

Assis auprès du feu – voire, plus prosaïquement, sous une couverture devant la télé, on sera également réchauffé par des vins liquoreux, doux et fortifiés. Du madère âgé de quelques années, un porto tawny vingt ans, un banyuls, un vin santo toscan, voire un cidre de glace d’ici. Un petit verre, dégusté tout doucement, sans autre cérémonie – à peine, si l’envie vous en prends, quelques noix et fruits séchés. On garde souvent les portos et compagnie pour des occasions spéciales, des grands repas en groupe ou en famille. Mais on peut bien en faire un petit boire de semaine, aussi, puisque ces vins se conservent très bien au frais pour deux, trois semaines, en montrant toujours aussi bien l’essentiel de leurs charmes. Ce qui permet d’en prendre un peu, ici et là, sans se sentir pressé de vider le tout.

Vous voulez des suggestions plus précises? Vous en trouverez ici-même, sur le blogue de miss Clarah. Un deux pour un virtuel, que cette histoire de vin d’hiver.

Méditez là-dessus en sirotant la bouteille qui vous plaira. Peut-être en regardant Hôtel du Nord, ou un autre film au charme suranné.

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3 commentairesLaisser un commentaire

  1. […] faute. Si vous aimez, par contre, je vous invite à aller consulter son billet sur le même sujet, ici (on est vraiment « concept »…on écrit sur le même sujet le même […]

  2. […] This post was mentioned on Twitter by Rémy Charest and Restaurant Decca77, Clarah Germain. Clarah Germain said: Sur le blogue: @RemyCharest me parle de vin d'hiver http://bit.ly/hDa6TP. Encore + cool,l'ami Rémy en parle aussi ici: http://bit.ly/fMUPWb […]

  3. Excellente idée ce duo de blogue! Et j’avoue que la dégustation méditative est intéressante, justement on a un beau paysage blanc pour l’inspiration 🙂


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