Dégustation: Château Haut-Bages Libéral 1996, Pauillac

L’autre soir, j’ai ouvert, presque sur un coup de tête, un Château Haut-Bages Libéral que j’avais mis à la verticale depuis quelque temps, justement dans le but de le boire. Cette propriété historique du Médoc, qui prend son nom des hauteurs du lieu-dit de Bages, à mi-chemin entre St-Julien et Pauillac, et de la famille Libéral, qui contribua à établir la réputation du vignoble au 18e siècle, a acquis une réputation, au cours des dernières années, pour des vins costauds, voire colossaux, selon le mot de certains critiques. Du solide, mais potentiellement, pas trop de dentelle en vue, surtout dans un millésime 1996 de très bonne tenue, mais aussi de fort caractère tannique et de concentration, un peu partout en Médoc.

En effet, peu après l’ouverture, ce vin de douze ans donnait des odeurs assez compactes de sous-bois, de gentiane, de poussière, avec des accents iodés. La robe affichait une belle couleur grenat, sans aspect tuilé, encore très dense. Un brin de mûre, à la longue venait se frayer un chemin parmi le este.

En bouche, les tannins restent très fermes, au bord d’être asséchants, signe de la fote présence du bois et d’une extraction significative. Le vin a une bonne persistance, mais sous la densité générale, on y sent peu de complexité, même si, après plusieurs heures d’ouverture, des éléments de cèdre et de prune s’ajoutaient en prime aux parfums déjà recensés. Honnêtement, à douze ans, je me serais attendu à un peu plus de largesse et de finesse, comme j’en ai déjà vu dans d’autres vins du même millésime, dont les plus « féminins » margaux: le travail du vin explique probablement pourquoi le Haut-Bages Libéral reste encore en attente, dirait-on, dans un mode d’expression encore un peu limité.

Ceci dit, trois jours après l’ouverture, le vin se montrait encore fort bien, avec la même gamme d’arômes, à peine moins intenses. Ce qui semble dénoter, tout comme son caractère compact, qu’il pourrait encore faire son chemin pendant de nombreuses années. En deviendra-t-il plus subtil pour autant? On s’en reparle dans 20 ans.

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