J’ai eu bien du plaisir, récemment, à enregistrer une petite capsule vidéo en compagnie de Frédéric Fortin, animateur du blogue Cellier (extension web du magazine auquel j’ai le plaisir de collaborer) et des réseaux sociaux afférents, pour le compte de la SAQ. Frédéric m’avait demandé si on pouvait faire une petite dégustation appropriée au temps estival.
Après une brève discussion, nous avons opté pour le riesling, un vin auquel on pense peut-être plus pour des plats d’hiver comme la choucroute, la fondue, voire le rieslingbraten que pour le bord de piscine sous le soleil. Et pourtant, le riesling, avec son acidité franche et ses notes d’agrumes portant souvent sur la lime et le citron, est tout ce qu’il y a de plus rafraîchissant pour les temps chauds. Même que, depuis 2008, on célèbre à New York et ailleurs le Summer of Riesling, créé en 2008 par le bar à vin new-yorkais Terroir, qui n’avait mis que des rieslings à sa carte pour « forcer » sa clientèle à découvrir ce grand cépage.
Honnêtement, pas besoin de se forcer. En choisissant des rieslings secs (désigné par les termes, dry, trocken ou kabinett, par opposition à off-dry, semi-dry, spätlese, demi-sec ou auslese), le plaisir est assez immédiat, merci. En prime, on peut se faire vraiment plaisir à des prix très raisonnables: sans aucune inflation à la bordelaise, les rieslings des meilleurs terroirs se trouvent souvent pour une vingtaine de dollars et des poussières. Pour du grand vin, capable de vieillir des années, voire des décennies!
Comme vous le verrez dans la capsule vidéo ci-dessous, on a fait un petit tour du monde sympathique, de l’Allemagne à l’Australie, avec un arrêt particulièrement réussi dans les Finger Lakes new-yorkais. Le riesling 2006 de la maison Wiemer, une des meilleures de cette région que j’ai découvert par les bons soins de TasteCamp, le rendez-vous annuel de blogueurs créé par Lenn Thompson, du New York Cork Report, a été notre préféré de la dégustation, avec une belle maturité, une grande richesse aromatique – et tout de même beaucoup de fraîcheur.
Puisque trois minutes de vidéo, ça passe vite, je vous mets ici des notes de dégustation plus complètes des trois vins choisis pour l’occasion.
Riesling Kabinett Wehlener Sonnenuhr 2009, S.A. Prüm, Mosel-Saar-Ruhr, Allemagne, 22,45$
D’un millésime chaud et ensoleillé, un riesling sec mais bien mûr, avec des arômes touchant plus la poire, voire l’abricot que les agrumes, sur un ensemble complexe comportant aussi des éléments floraux, fumés, avec même un peu de pierre à fusil et une touche rappelant les conifères. Le fruité ample est soutenu par une belle minéralité, doublé d’un peu de lime, en finale, avec un petit côté un peu plus funky rappelant le gras de bacon ou le jambon séché. Le vignoble de Wehlener Sonnenuhr est un des plus réputés de la Moselle, et la maison Prüm en tire des vins de très grande qualité, auxquels une vinification par levures naturelles donne un caractère tout à fait précis et spécifique.
Dry Riesling 2006, Hermann J. Wiemer Vineyards, Finger Lakes, New York, États-Unis. 23,85$
Situé au sud-est du lac Ontario, la région des Finger Lakes offre un bon nombre de producteurs de qualité, en particulier pour la production de rieslings (et dans quelques cas, de pinot noir et de cabernet franc). Hermann J. Wiemer, immigrant allemand, est en quelque sorte le père de la viticulture actuelle dans les Finger Lakes, autant par la qualité de ses vins que par les vignes elles-mêmes, dont il a beaucoup assuré la diffusion dans la région en tant que pépiniériste. Son riesling 2006 sec est tout à fait exemplaire, avec son nez séduisant de pomme mûre et de trèfle, d’acacia et de pierre chaude, avec de petites notes légèrement noisettées. En bouche, une rondeur amenée par les quelques années en bouteille lui donne un caractère fin et enveloppant, avec des saveurs rappelant le citron confit et la cire d’abeille. Élégant, ouvert, complexe et bon pour plusieurs années encore.
Riesling B3 2007, Eden Valley, Australie, 23,45$
La fraîcheur et la vivacité des rieslings australiens des vallées de Clare et d’Eden fait un fort contraste avec la richesse confiturée des shiraz de là-bas. Le B3, même tiré d’un millésime très chaud et sec, ne dément pas cette réputation. Au nez, on est sur le citron et l’agave, le tout enveloppé de notes pétrolées assez marquées – des notes qui se développent chez les vieux rieslings, habituellement, mais aussi plus fortement lors de millésimes chauds. Citronné et minéral en bouche, il se montre assez simple – surtout en comparaison avec les deux autres – mais il ferait bien l’affaire sur des crevettes grillées ou du saumon fumé.
Quelques autres suggestions
Riesling Peter Lehmann Eden Valley 2009 , Code SAQ : 11465962, 18,20 $
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