En route vers Cahors et le défi de Lagrézette

Cet après-midi, je prends l’avion en direction de Cahors pour participer aux Journées internationales du malbec (ou plutôt, les Malbec days, comme le dit le site Internet presque totalement en anglais), événement visant à mettre en valeur le cépage natal de ces vignobles du Sud-Ouest de la France, mais popularisé plus récemment par l’Argentine. Une belle occasion de faire le tour d’un cépage sous toutes ses coutures et dans sous ses styles, du plus traditionnel au plus clinquant et moderne.

Le voyage me permettra aussi de répondre à un défi qui m’a été lancé, en février dernier, par Jean Courtois, directeur général du Château Lagrézette, un des plus célèbres domaines de Cahors, dans la foulée d’un article que j’ai publié sur Palate Press, un blog collectif/magazine en ligne américain auquel j’ai le plaisir de collaborer depuis sa création en septembre 2009.

Dans cet article, je rapportais une dégustation plutôt décevante du Pigeonnier 1999, la cuvée de luxe de Lagrézette, vendue quelque 160$ la bouteille, et qui m’a semblé une illustration par l’absurde des limites de l’approche moderne de l’oenologie préconisée en particulier par Michel Rolland. M. Rolland est consultant à Lagrézette et a travaillé activement à la création de cette cuvée, que Robert Parker avait qualifié de « monstre » quand il l’avait goûtée en jeunesse, directement de la barrique. Je suis d’accord avec le terme utilisé par Parker, bien que nous n’en ayons vraisemblablement pas la même appréciation.

À mon sens, cette cuvée réserve pousse tout trop loin: rendements de 18 hectolitres à l’hectare (les grands crus de Bourgogne limitent à 30 hectolitres à l’hectare, c’est déjà très peu), macération de 30 jours sur les peaux, avec forte extraction de la matière des raisins, élevage de 30 mois en barriques de chêne neuves. Un peu comme les amplis qui vont jusqu’à 11, dans le film Spinal Tap.

N’ayant pas particulièrement apprécié la note de dégustation, qu’il trouvait intransigeante, M. Courtois m’a invité, par un commentaire sur Palate Press, à venir refaire la dégustation au Château, à la première occasion – en offrant de payer le billet d’avion… si mon opinion défavorable restait la même. Une invitation aux Journées internationales du Malbec, qui couvriront mes frais de séjour sur place, a offert cette occasion. La dégustation « revanche » aura donc lieu demain, au Château Lagrézette (pour en lire plus sur le contexte de la dégustation, cliquez ici).

La formule proposée par le Château Lagrézette est la suivante: « Dégustation à l’aveugle, simple, de différents Malbec. Peu importe l’année ou l’origine, il ne s’agit pas d’un piège ou d’un concours. Nous proposons 8 vins à l’aveugle avec le seul engagement que c’est du Malbec. Vous jugez et notez, ça reste confidentiel si vous le désirez.» Tant qu’à faire le détour, il me semble logique de faire état de la dégustation – même si je devais me contredire à la deuxième dégustation. L’expérience, quel qu’en soit le résultat, sera certainement instructive.

Je précise d’ailleurs que je n’ai rien de particulier contre Lagrézette ou ses vins. En vue du voyage, j’ai goûté de nouveau au Château Lagrézette – le 2004, en vente actuellement à la SAQ – et j’ai bien apprécié. Vin à la robe sombre, substantiel et compact, cette cuvée « régulière » du château enveloppe ses arômes de fruits noirs de notes de sous-bois et de torréfaction qui distinguent bien ce malbec des versions plus fruitées et confiturées issues de l’Argentine. À six ans, il commence à s’ouvrir et reste marqué par des tannins assez imposants, bien que veloutés. À moins de 25$, une plutôt belle bouteille, que je trouve plus intéressante que les malbecs argentins.

Il reste que c’est un vin costaud, un peu lourd, même. Lui ajouter du poids et de la concentration – comme on le fait avec Le Pigeonnier – me semble donc excessif. Ce qui constitue justement le débat lancé avec les gens de Lagrézette et la raison essentielle de mon passage au Château, cette semaine.

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