Les vins les plus populaires au Québec: au-delà de la domination Fuzion

Lundi dernier, Vincent Marissal, chroniqueur à La Presse et grand amateur de vins, publiait le palmarès double des vins meilleurs vendeurs à la SAQ, en 2009. Je dis double parce que l’on y trouve les 10 meilleurs vendeurs par volume (nombre de caisses) et par prix (valeur des ventes en dollars), des catégories tout de même assez différentes.

Par exemple, deux vins à près de 20$, soit le Brouilly de Georges Duboeuf et le cabernet sauvignon Liberty School, sont au top 10 des ventes, version monétaire, alors que le vin le plus cher des 10 meilleurs vendeurs, en volume, est le Merlot/cabernet J.P. Chenet vin de pays d’Oc, à 12,95$. Ce sont deux regards complémentaires sur les préférences des Québécois.

Là où les deux listes se recoupent (se fusionnent?) entièrement, c’est au numéro un, où domine outrageusement le fameux Shiraz/Malbec Fuzion, de la maison argentine Zuccardi. 2,3 millions de bouteilles (presque le double du vin suivant, le Santa Fiorentina, un autre syrah-malbec à moins de 10 dollars) et plus de 18 millions de dollars de ventes. Un succès impressionnant, c’est clair.

Là où il faut relativiser, c’est que le Fuzion, malgré son succès indéniable, représente environ 1% des ventes de vin à la SAQ. En effet, la SAQ a réalisé des ventes de 2,4 milliards $ en 2007-2008, dont 77% étaient du vin, soit  1,86 milliard $)(voir les chiffres dans cet article de Pierre Couture, du Soleil). Une marque dominante représentant 1% d’un marché, ce n’est pas exactement la domination du iPod dans le marché des lecteurs audionumériques. Le top 10 en volume représente environ 3% des ventes de vin (environ 60 millions $, selon les calculs de Vincent Marissal), tandis que le top 10 en dollars représente 6% des ventes (environ 115 millions $). Ça laisse quand même pas mal de place à la diversité.

Cinq pays sont représentés dans ces deux listes: Argentine, Italie, France, États-Unis et Australie. L’Argentine est très forte dans les volumes et les petits prix, avec quatre des dix premières places en nombre de caisses vendues – mais seulement deux pour la valeur des ventes. Et ce pays d’Amérique du Sud est en progression très forte, depuis quelques années, au Québec – aux dépens de l’Australie, notamment, dans la catégorie des produits à fort volume. La France et l’Italie font bonne figure dans la liste, mais moins que leur domination dans les ventes totales de vin (31% pour la France, 23% pour l’Italie) le laisserait penser. Une bouteille de grand cru de bordeaux ou une bouteille de supertoscan, après tout, c’est à peu près une caisse de Fuzion, en valeur… Ça compense peut-être un peu pour les volumes.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur tous ces chiffres, vous pouvez regarder la section Tendances du plus récent rapport annuel de la SAQ. On y apprend toutes sortes de choses fascinantes sur la montée des produits du terroir québécois, l’intérêt de la SAQ pour la culture cocktail et sur la répartition des ventes selon divers angles. J’y reviendrai sûrement.

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