Il y a beaucoup de belles choses à dire sur la complexité – et je ne parle pas, ici, du nom assez complexe du Cryomalus (des racines grecques cryo=froid et malus=pomme), ce cidre de glace produit par le domaine Antolino Brongo, situé à Saint-Joseph du Lac, au nord-ouest de Montréal. Ni de la référence un peu alambiquée, sur la contre-étiquette, au mythe romain de Vertumne et Pomone (et non Vertumnus et Pomona, en français), des dieux qui ne sont pas vraiment les parents de Cryomalus.
Je parle plutôt de la composition de ce nectar doré, qui compte sur cinq variétés de pommes: McIntosh (54%), Cortland (20%), Lobo (12%), Spartan (12%) et Empire (2%). La douceur de la McIntosh, la substance de la Cortland, l’acidité de la Lobo et de la Spartan, tout ça aide à donner un supplément de complexité aux arômes et aux saveurs. C’est ainsi qu’on est dans la pomme poêlée, l’abricot frais, le caramel, un peu la compote de pommes, le tout sur une texture assez fine, pas trop riche (c’est un compliment), avec l’acidité qui soutient bien un taux de sucre raisonnable.
Cet équilibre en fait un bon accord pour les fromages et les plats de porc simples (je verrais bien ça avec une petite côtelette grillée, avec des pommes de terre rissolées et des carottes glacées, par exemple), mais aussi un liquide tout à fait agréable à déguster seul, tel qu’en lui-même, en fin de soirée. Et comme tous les breuvages « de glace », il a l’avantage de se conserver aisément plusieurs jours au frigo, une fois ouvert.
Élégamment habillé de noir, le Cryomalus est un peu le chouchou des chroniqueurs, cette année (voir le billet du Méchant Raisin, par exemple). Tant mieux pour les partenaires de ce tout nouveau domaine, Daniel et Patricio Brongo et Francisco Antolino, qui ont également eu la bonne idée de s’associer à l’agence Rézin, une des plus intéressantes et des plus dynamiques au Québec.
Le Cryomalus est certainement une des belles nouveautés dans le monde en croissance du cidre de glace et rejoint les excellents produits de chez Pinnacle (qui vient de s’allier à un très gros joueur, Vincor, pour assurer sa distribution), La Face cachée de la pomme, Michel Jodoin ou la Cidrerie Saint-Nicolas. Est-il au sommet de la liste? Peut-être pas. Mais ils ne font que commencer.
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J’ai la chance de connaître cette cidrerie et je peux dire que le Cryomalus c’est ,comme on dit a Bordeaux -France (c’est boire le bon Dieu en culotte de velours), je ne sais pas d’où vient cette expression mais elle sied bien a cette dégustation, je l’associerais bien a des grand noms de vin liquoreux Français.
Bonne continuation.
J’ai appris récemment que la maison qui produit le Cryomalus s’apprête à lancer un Cryomalus Nobilis, vieilli plus longuement en fût et fait avec une nouvelle variété de pommes qui n’a pas encore de mots. Ça sera le petit Jésus en culotte de soie, cette fois?
L’expression est « Le petit Jésus en culotte de velours » et elle nous vient de feu Jules Roiseux. Jules a vulgarisé de façon sympathique la connaissance et l’amour du vin. C’est sur ses traces que se sont engagés la majorités des sommeliers conseils que nous connaissons aujourd’hui.
Nombreuses sont les expressions de Jules comme ;
« Je me relèverais la nuit pour en boire un peu. »
« Je boirai du lait quand les vaches mangeront des raisins »
Il avait son groupe d’amis et complices nommés les disciples de l’ÉvanJules. Il disait aussi « comme c’est écrit dans l’ÉvanJules »
Nous regrètons tous le départ de cet ami et grand embassadeur du vin.
Roger Grégoire