L’Union Européenne remballe son règlement sur les rosés de coupage

Annoncé en janvier, vivement contesté depuis, le règlement européen qui devait autoriser la production de rosés de coupage (produits par addition de vin rouge au vin blanc, par opposition aux rosés obtenus par saignée ou par pressurage direct de raisins à peau foncée mais à chair claire), a finalement été retiré ce matin. La commissaire européenne à l’Agriculture, Marianne Fischer Boel, en a fait l’annonce ce matin, mettant fin à un débat qui se prolongeait et gagnait en ampleur, suscitant des articles réprobateurs de plus en plus nombreux, bien au-delà des limites de l’Europe (voir cette chronique de Bill Daley, du Chicago Tribune, entre autres).

Si l’adoption était prévue en avril, le vote avait été reporté au 19 juin, après une recherche de compromis qui s’était avérée vaine. Les vignerons français, rejoints par leurs confrères français et italiens, craignaient en effet que toute ouverture aux rosés de coupage viendraient ternir la réputation des vins rosés traditionnels, au moment même où le marché du rosé prend son envol à l’échelle internationale. Le ministre français de l’Agriculture s’était d’ailleurs joint à la fronde anti-coupage… alors que la France avait donné son accord préalable au projet de règlement.

Certains, dont le journaliste Hervé Lalau  et le Suisse Pierre Thomas ont souligné l’inconstance de la position française et mis en doute l’idée voulant que les rosés de coupage soient forcément moins bons que les rosés traditionnels. Les AOC, soulignaient-ils, n’étaient pas menacés, puisque les règles plus strictes pour les vins d’appellation auraient continué à s’appliquer. Les risques de dérives continuaient pourtant d’inquiéter beaucoup de monde.

Personnellement, j’y vois une excellente nouvelle. L’Union Européenne avait indiqué que l’ouverture au coupage visait notamment, voire essentiellement, à aider le rosé européen à pénétrer le marché asiatique – bref, à faire un produit pas cher, sans classification, pour inonder massivement les secteurs à bas prix. Rien pour rehausser l’image du vin en général, et surtout pas celle du rosé.

Et même si les rosés de coupage peuvent probablement être très convenables, il reste que les meilleurs rosés que j’ai bus ont été, invariablement, des rosés de saignée ou de pressurage direct. Comme cet excellent Bourgogne rosé de Jean-Marc Brocard,un rosé saumoné fait de pinot noir, aromatique, net, équilibré et ensoleillé, avec lequel nous avons récemment fêté le retour des beaux jours. Du comme ça, du rosé capable d’être aussi sérieux que souriant, j’en veux encore plus. Aux vignerons européens, armés d’une règlementation restrictive, de relever le défi de la qualité.

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  1. […] À Chacun sa Bouteille) Tags:loi, rosé, union […]


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