C’est parti. Le tout premier Salon des vins et spiritueux de Québec a ouvert ses portes hier dans la bonne humeur et l’enthousiasme. Déjà, en fin de matinée, période ouverte exclusivement aux professionnels – les médias, mais aussi, bien sûr, les gens de la restauration -, les visiteurs étaient nombreux à faire le tour des centaines de vins de partout sur la planète présentés, dans bien des cas, par ceux qui les produisent.
Dans un espace bien aménagé, passablement aéré, il y a de tout pour tous, des petites cuvées artisanes aux vins exclusifs et chers, en passant par des marques internationales travaillant à grande échelle. Dans toutes les gammes de prix, comme en témoignent notamment les vins sélectionnés dans les Prix du public, choisis par des amateurs de vin de la région de Québec.
Yquem
Parmi les nombreuses présences intéressantes, le Salon aura permis d’entendre des conférences de Mme Sandrine Garbay, maître de chai du prestigieux Château Yquem, le domaine le plus réputé des Sauternes. Mme Garbay (on prononce Gar-baille) a présenté, de façon très claire et concise, les détails de la fabrication du sauternes et les particularités de cette propriété de 100 hectares où quelque 200 vendangeurs passent, en moyenne, cinq fois dans les rangs de vignes pour ramasser les raisins juste à point, quand ils sont bien atteint du botrytis cinerea et ainsi, de la pourriture noble qui permet de faire ces vins liquoreux exceptionnels.

Sandrine Garbay montrant des images de grappes cédant au botrytis cinerea
On y apprenait aussi à quel point le millésime 2003, l’année de la canicule, a été exceptionnelle. Plutôt que de passer plusieurs fois dans les rangs pour ne récolter que des raisins entièrement pris par la pourriture noble, on avait tout récolté en une fois, avec des baies « dorées », sans botrytis, afin de garder un peu plus de fraîcheur et d’acidité dans un jus exceptionnellement riche en sucres.
Générosité remarquable, la conférence s’est terminée par la dégustation, offerte gracieusement à l’assistance, d’un petit verre d’Yquem 1996. Un vin superbe, tout en finesse, fleurant bon le miel, la cire d’abeille, le caramel et la poire, avec des notes iodées et un peu de zeste d’orange et de marmelade. Entre autres.
Le monde des sauternes mérite d’être découvert – ou redécouvert. Et le Salon offre de belles occasions de s’y mettre, grâce aussi à la présence de quatre domaines de Sauternes et Barsac: Climens, Suduiraut, Coutet et Guiraud, quatre châteaux aux personnalités bien distinctes, dont les vins illustrent bien la diversité qui existe dans ces liquoreux de belle qualité. Et comme le suggérait mon ami Marc Chapleau, avec qui j’ai fait un bon bout de dégustation, hier, pas besoin de garder le sauternes pour le foie gras. Un simple poulet rôti peut faire un accompagnement remarquable, selon lui. Une dégustation à mettre à mon programme, sans doute. Possiblement avec un sauternes 2002, un millésime très accessible, facile à boire et déjà tout à fait délicieux.
Gretzky
Si le Château Yquem est le Wayne Gretzky des vins liquoreux, est-ce que Wayne Gretzky serait le Yquem de la Vallée du Niagara?
Ne lui en demandons pas trop, tout de même. Gretzky a créé son domaine, la No 99 Estates Winery, très récemment. On ne parle pas de siècles de tradition viticole dans un terroir établi et utilisé de façon optimale. Le vignoble de Gretzky est un projet personnel et une oeuvre de bienfaisance, les profits étant versés à sa fondation, qui permet à des jeunes de milieux défavorisés d’avoir accès au hockey.
N’empêche, l’image de marque de la Merveille rend curieux de savoir de quel bois se chauffent ces vins. Alors nous sommes allés au kiosque dédié aux cuvées Gretzky, faire le tour des blancs (un sauvignon blanc, un chardonnay, un riesling réserve) et goûter deux rouges (un mélange bordelais et un shiraz-cabernet à l’australienne).
J’ai mieux aimé les rouges que les blancs, personnellement. Même si le sauvignon est assez équilibré, avec des notes d’herbe fraîche, que le chardonnay avait la bonne idée de ne pas être boisé, et que le riesling a une bonne intensité aromatique, tous les blancs portaient la marque de fermentations aux levures cultivées et d’une fermentation malolactique très marquée (une deuxième fermentation qui peut donner un caractère très crémeux au vin – trop, parfois). Le méritage (merlot et cabernet), affichait par ailleurs un beau fruit et une fraîcheur très agréable: un beau vin de soif, à l’alcool modéré, qu’on boira avec plaisir sur les volailles comme sur le viandes rouges. Le shiraz-cabernet avait aussi une bonne fraîcheur et de beaux arômes épicés, mais la présence d’un boisé encore mal intégré rendait le tout moins harmonieux.
Le vignoble est jeune, le domaine aussi. On n’est pas encore dans les ligues majeures, mais il n’y a pas de quoi rougir non plus.
Et tant qu’à y être…
Parmi les nombreux autres arrêts sympathiques à recommander, je vous en donne un autre, en passant. Chez A.O.C. & Cie (kiosque 36), jetez un coup d’oeil aux vins de Quinta dos Roques. De très beaux vins du Dao, au Portugal, dont une cuvée Touriga Nacional impressionnante et bâtie pour vieillir. Une jolie découverte parmi d’autres. Je vous en reparle bientôt.
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