Dès la fin de la vendange, il était rapidement devenu clair que 1997 serait un des grands millésimes du 20e siècle, en Toscane. Un début de saison hâtif, des températures clémentes, ensoleillées mais pas brûlantes, pendant toute la saison: tout était à peu près optimal pour produire des vins de haute qualité et bâtis pour durer.
Cette cuvée réserve de la maison Melini, domaine tricentenaire installé au coeur du Chianti Classico, a de quoi montrer que la réputation du millésime est loin d’être surfaite. Vendue à un prix tout à fait raisonnable (le millésime 2003 se détaille 25$ à la SAQ), elle provient d’un vignoble de 43 hectares avec exposition au sud-ouest, à quelque 400 mètres d’altitude. (Pour la fiche complète du millésime 1997, cliquez ici).
Le simple fait d’ouvrir la bouteille libérait un parfum presque explosif de cerise bien mûre, doublée d’un peu de cèdre et d’épices. Des arômes d’une fraîcheur exceptionnelle. À douze ans, comme en témoignait aussi la robe d’un rubis encore intense, voilà un vin qui avait encore bien de la jeunesse.
À la décantation, le vin a ajouté aux arômes de cerise des notes très agréables de cèdre, de cuir et de bois de santal. En bouche, une légère astringence venait pimenter agréablement une impression de souplesse et de velouté: tannins bien fondus, acidité gentiment adoucie, saveurs bien intégrées. Facile à boire, charmeur et délicieux, il n’est pas resté longtemps dans les verres, suscitant de beaux éloges de tous les convives. Servi sur un ragoût de pattes traditionnel québécois, il avait tout ce qu’il fallait pour s’équilibrer avec le gras du porc et l’asaisonnement du plat.
Si une cuvée aussi accessible se comporte aussi bien, on se doute que les plus grands vins du millésime en auront pour longtemps avant d’avoir livré tout leur potentiel. Expressifs et ouverts, ils sont tout à fait agréables à boire maintenant, mais les meilleurs pourront certainement vivre en beauté sur encore deux, voire trois décennies.
Pour la petite histoire, notons que la maison Melini fut responsable, en 1865, de l’invention du fameux « fiasco », la bouteille arrondie posée dans un genre de panier d’osier, qui devint longtemps emblématique du vin de Chianti. À un point tel qu’il devint aussi le symbole du mauvais chianti, dans une période d’après-guerre où la dilution et les rendements excessifs étaient au rendez-vous. Un contenant aujourd’hui oublié, alors que la Toscane a bien réaffirmé, depuis un bon quart de siècle, sa volonté de viser la qualité.
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