VdV 17: Une tasse de kimméridgien, avec une cuillerée de miel

Trouver du solide dans le liquide. Voilà le défi auquel nous conviait le Méchant Raisin, ce mois-ci, aux Vendredis du Vin, en nous appelant à trouver Des cailloux dans le vin.

Certains trouveront peut-être cette idée un peu abstraite, mais elle est pourtant très concrète, puisqu’une vigne en santé, bien cultivée dans le respect de ce qu’elle est, puise profondément dans la terre et ajoute au raisin un véritable caractère de terroir. L’interaction entre les minéraux du sol et les chaînes de carbone des plantes crée des saveurs et des caractéristiques distinctives: c’est largement ce rapport qui complexifie ce qui ne serait autrement qu’une chaîne de sucres.

Prenez par exemple ce Chablis premier cru Vau de Vey 2002 du Domaine des Malandes, que j’ai ressorti de la cave exprès pour ce Vendredi du vin. J’avais bien ma petite idée derrière la tête, soit celle de retrouver dans la bouteille ces sols kimméridgiens qui nourrissent si particulièrement les vignes de Chablis. La netteté et le caractère minéral de ce cru m’avaient frappés à la première dégustation, il y a cinq ou six ans, et le rapport qualité-prix (les Chablis restent globablement très abordables, pour des vins aux véritables possibilités de garde) m’avait encouragé à en mettre un bon millésime de côté.

Avec un petit peu de beurre associé au vieillissement du vin, le caractère minéral du calcaire fossilifère de Chablis était évident au nez: quelque chose entre la pierre à fusil et la craie. Mais autour de tout ça s’était développé un caractère floral également très précis: celui du miel, et plus précisément du miel d’acacia. Très constante, la bouche de ce chardonnay élégant suit le nez, avec une belle fraîcheur, une intensité moyenne mais une très bonne longueur, le tout additionné d’un petit soupçon de zeste de citron. L’acidité très bien placée et la couleur encore très claire donnent à penser que le vin, dans ce millésime très apprécié, était loin d’avoir dit son dernier mot. Les deux chablis 2002 qui me restent à la cave attendront patiemment.

Ceci dit, si vous cherchez d’autres lieux-vins capables de vous démontrer le caractère bien réel de la minéralité dans les vins, je vous conseille fortement de dénicher quelques gamays du centre de la France, où l’on goûte rapidement la différence des terroirs. Jean Maupertuis et le Domaine de la Bohème, en Auvergne, ou encore la Cave Verdier-Logel, en Côtes de Forez, produisent tous des cuvées très goûleyantes, portées sur le fruit et pleines de rondeur et de lumière, mais aussi des cuvées tirées de sols volcaniques (chez Verdier-Logel, elle s’appelle carrément La Volcanique) qui confèrent aux vins une structure et un sérieux surprenants. Un autre monde, d’un terroir à l’autre.

Fouillez un peu, ça en vaut la peine: il y a de la Volcanique sur la carte de certains bons restaurants montréalais, Maupertuis et Verdier-Logel font le bonheur de plusieurs excellents cavistes en France (voire à New York), et le Domaine de la Bohème fera très bientôt son entrée au Québec grâce aux bons soins d’Insolite Importation, l’agence avec laquelle j’ai le plaisir de collaborer. Un peu de basalte vous fera du bien, vous verrez.

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  1. […] suis moi-même à finir de déguster un chablis bien mature, au caillou bien droit et tout kimméridgien, et à remercier du coup le Méchant raisin qui a proposé ce thème […]


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