Signe avant-coureur de l’arrivée de l’automne, les premiers coups de cisailles ont été donnés ces derniers jours dans les vignobles plus ensoleillés de l’hémisphère nord.
Cette semaine, les vendanges ont commencé dans quelques vignobles du Languedoc-Roussillon. Selon une dépêche d’AFP et un reportage de Decanter, la vendange a commencé à Rivesaltes et dans l’Hérault, notamment pour cueillir du muscat à petits grains destiné à être vinifié en blanc sec (plutôt que les muscats doux qu’on tire de raisins plus longuement mûris).
C’est notamment au Domaine Cazes (180 hectares cultivés en bio et en biodynamie) que les vendangeurs ont commencé leur office pour une récolte qui s’annonce apparemment plus petite que celle de l’année dernière – qui n’était déjà pas énorme, par rapport aux moyennes des années précédentes. Selon mes sources, le Domaine Matassa, à Calce, a aussi affûté ses cisailles cette semaine.
Selon un autre article d’actualité agricole, le départ est relativement tardif, soit au moins une semaine plus tard que la moyenne des quatre dernières années, toujours dans le Languedoc-Roussillon. Le gros de la récolte française aura lieu à partir du 20 août, dans le midi, pour s’étirer jusqu’en octobre, voire novembre, en remontant vers le nord. Apparemment, les vignobles français pourront compter sur une abondante main-d’oeuvre espagnole, le ralentissement de l’industrie de la construction au royaume du Roi Carlos poussant des milliers de travailleurs à se trouver d’autres sources de revenus.
Le Languedoc est loin d’avoir le record du départ le plus hâtif, toutefois. En Californie, le coup d’envoi a été donné le 4 août dernier (voire une foule d’articles – en anglais – dans cette page du site Wine Business). Du sauvignon blanc chez Rodney Strong, du pinot noir et du chardonnay pour le mousseux chez J Vineyards et chez d’autres producteurs de bulles… bref, c’est bien parti, après un début de saison particulièrement éprouvant.
En effet, le printemps californien a été fait de véritables montagnes russes, avec des gelées d’avril qui ont décimé des vignobles (on parle même de 80% de pertes pour certaines parcelles) suivies par des chaleurs dans les 40 degrés quelques semaines après. Sans compter les feux de broussailles qui ont couvert plusieurs régions de fumée (avec l’avantage, apparemment, d’avoir un peu rafraîchi les vignes en leur offrant un pare-soleil).
Au total, la saison s’est terminée de façon beaucoup moins éprouvante. La qualité est apparemment élevée, avec des baies petites et en santé, mais la quantité n’y est pas autant. On imagine déjà l’effet sur les prix.
Côté québécois, pas de presse encore pour les vignerons, avec l’absence d’été que nous avons eu. Une petite tournée effectuée, fin juillet, dans divers vignobles de l’Estrie, de la Côte-du-Sud, de la Montérégie et de Lanaudière m’a permis de constater que la saison 2008 met à l’épreuve le savoir-faire des viticulteurs d’ici. Le mildiou a atteint des variétés de vignes qui ne sont autrement jamais touchées, la formation des grappes a été affectée par les fortes pluies au moment de la floraison (les fleurs tombaient au lieu de pouvoir être fécondées et transformées en baies), le soleil manque à l’appel…
Rien n’est évidemment joué, à ce stade-ci de la saison. Un beau mois de septembre pourrait racheter la saison. On surveillera le tout attentivement.
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