Ça fait quelques jours que je tourne autour de cette note de dégustation, sans parvenir à la finir. En partie parce que la venue de Sir Paul à Québec m’a distrait quelque peu et tenu bien occupé dans mon travail au Soleil, mais aussi parce que j’avais du mal à bien trouver les mots pour décrire ce que j’avais bu.
Le Cornas 1996 de Jaboulet (la version « tout court », plutôt que le Cornas Domaine de Saint-Pierre), ouvert samedi soir lors d’un dîner familial, s’est en effet avéré un peu avare de commentaires, pour ainsi dire. Ce n’est pas que je l’attendais nécessairement exubérant: les vins de Cornas ont une réputation d’austérité, de rudesse qui prend bien du temps à s’assouplir. Mais il reste que quand le vin s’exprime de façon si réservée, il n’est pas si évident de le décrire.
Qu’avait-il donc à dire, tout de même? Il avait du poivre, au nez, du cèdre et du cuir, avec un brin de fruit – quelque chose comme de la cerise noire, mais bien en arrièe du reste. La couleur, un grenat assez clair, ne donnait pas l’impression de vin noir qu’on donne parfois de Cornas, et ne laissait pas entendre non plus que le vin en aurait encore pour des décennies. En bouche, il se montrait très droit, très sec, avec des tannins très présents bien qu’affinés par le temps. Bu avec des fromages, il savait tenir tête à tous les styles, même au bleu, ce qui montre qu’il ne manquait pas de caractère. Mais pour définir ce caractère, il aurait fallu percer une carapace qui semblait plutôt étanche.
Lui aurait-il fallu un peu plus d’air? Peut-être bien. Je l’ai décanté à l’heure du souper, plutôt que de lui donner quelques heures pour se dégourdir. Le petit verre de vin resté au fond de la bouteille, goûté de nouveau le lendemain, montrait, au-delà de l’oxidation bien normale, un peu plus de rondeur que la veille, ce qui me laisse supposer qu’une décantation sur le coup de midi n’aurait pas nui. Il m’en reste une deuxième bouteille. Peut-être en aura-t-elle plus long à dire, si je sais mieux la prendre par les sentiments.
[…] tasting of the second bottle of 1996 Cornas. I had tasted the first bottle a year ago, and written a tasting note on my French blog where I was perplexed at the rather reserved flavors and aromas it […]