Le cabernet chilien, ça vieillit bien

Appréciés pour leur rapport qualité-prix, leur fruit bien présent et leurs notes torréfiées et mentholées, les cabernets sauvignons du Chili savent aussi vieillir en beauté. Ce qui a le net avantage de permettre à pratiquement tout le monde de mettre au frais, pour de nombreuses années, des vins à prix modiques qui se bonifient considérablement au fil des ans.

C’est le cas, par exemple, de ce Prima de Martino 1995, cabernet sauvignon de la vallée de Maipo, sorti tout récemment de la cave, à l’âge pourtant bien chanceux de 13 ans. Une belle collection d’arômes et de saveurs bien typées du cabernet et joliment évoluées.

Au premier abord, le vin offrait surtout des odeurs de sous-bois, de terre et de racines, derrière lesquelles se sont rapidement déployées des parfums de feuille de tomate, de pruneau, avec un enrobage de torréfaction et d’eucalyptus (vraisemblablement venu de fûts assez toastés). En bouche, le vin était presque crémeux, bien rond, avec du pruneau, une touche de poivre et du cèdre. L’alcool, très raisonnablement tenu sous les 13%, paraissait quand même un peu présent en finale, tandis que les tannins, souples en attaque, laissaient une dernière impression un peu sèche. Un signe, probablement, que le vin n’aurait pas gagné à vieillir encore longtemps.

Pas mal du tout pour un vin payé 15$, non?

La ligne Prima, en passant, n’existe plus chez les de Martino. Elle correspond probablement au vin de base, le Legado, encore vendu à prix très abordable (17,85$ à la SAQ, pour être précis). Au-dessus, il y a la ligne Gran Familia, qui a plus de coffre. J’ai un 1997 à la cave et je sens que je vais l’attendre encore un bon moment.

Le Prima 1995 n’est d’ailleurs pas le seul de ces « petits » vins que j’ai vu évoluer avec plaisir. J’ai plusieurs fois goûté à dix, douze ans ou plus le Cabernet Sauvignon Reserva Antiguas de la maison Cousino Macul, un des doyens de la viticulture chilienne, dont les vignes franches de pied, importées au Chili avant la crise du phylloxera en France, livrent un vin de haute qualité. Plein de maturité et de rondeur, le vin avait beaucoup de belles choses à offrir. Encore une fois, à prix très raisonnable.

Je dirais même que je ne suis pas sûr que les super réserves sud-américaines, très boisées, très mûres et très tanniques – et très chères – vont nécessairement vieillir avec plus d’harmonie que les petits vins. Eric Asimov, dans le New York Times, a plusieurs fois fait remarquer que les petites cuvées d’Argentine et du Chili, respectivement en malbec et en cabernet, se défendent très bien devant les grandes (lisez ici et ici). C’est beau de montrer du muscle, mais ça peut être comme le culturisme: à la longue, ça se dégonfle.

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