Malgré les visions poétiques qu’offre à satiété le monde du vin , le jus de raisin fermenté demeure un produit commercial faisant l’objet de campagnes de marketing, de savants calculs de production et de manipulations diverses, certaines normales et conventionnelles, d’autres carrément illégales.
C’est ainsi qu’une soixantaine de prétendus artisans du vin de la région du Beaujolais devront subir leur procès, l’automne prochain, pour avoir participé à un trafic de sucre visant à chaptaliser les vins au-delà des limites permises, histoire de produire des vins ayant plus d’alcool et de « fruité ». Bref, de la fraude, assez répandue de surcroît. Il sera intéressant d’apprendre le nom des producteurs en question. Le procès aura lieu après les vendanges (mais avant la vinification, peut-on espérer).
Ce n’est pas la première fois qu’un procès vient faire mal au monde du vin du Beaujolais. En 2006, la société Georges Duboeuf avait été condamnée à 30 000 euros d’amende pour « tromperie et tentative de tromperie sur l’origine et la qualité des vins ». Des vins de divers crus du beaujolais avaient été mélangés les uns aux autres, ce qui créait des doutes sur la qualité du vin offert dans les diverses bouteilles de la maison, même si Duboeuf lui-même avait assuré qu’aucune bouteille ainsi « mélangée » n’avait été commercialisée, une fois le « glissement » constaté.
En Italie, pendant ce temps, des arrestations avait été effectuées pour la production d’un mélange qualifié de toxique, composé seulement au tiers de véritable vin, et vendu par des producteurs des Pouilles. La bagatelle de 70 millions de bouteilles…
Et ce n’est pas tout. En brunello, plus d’un million de bouteilles ont été saisies par les autorités chez des producteurs aussi réputés que Banfi, Antinori et Frescobaldi, parce qu’on soupçonne les producteurs d’avoir inclus des cépages « internationaux » comme du merlot dans leurs brunellos di montalcino, qui doivent pourtant être faits à 100% de cépage brunello, la variante locale du sangiovese. Le but de l’opération? Donner plus de rondeur aux vins, notamment pour assurer leur succès sur le marché américain. Dans son très solide article à ce sujet, Eric Asimov, dans le New York Times, se déclare surpris de la réaction de certains producteurs, plus dérangés par la perte de réputation de l’appellation que par la fraude elle-même.
Et en Californie, bien que ce soit tout à fait légal, bon nombre de producteurs ajoutent un additif appelé Mega Purple, produit par une filiale de Constellation, un concentré qui donne de la couleur et de la substance aux vins, historie de les rendre plus « sérieux ». D’autres procèdent aussi à une osmose inverse pour diminuer les taux d’alcool excessifs de leurs vins.
Et pendant ce temps, tous ces producteurs afficheront sur leurs contre-étiquettes que leurs vins sont fait de raisins sélectionnés issus de leurs meilleures parcelles et vinifiés pour bien refléter les saveurs typiques du terroir…
C’est un jeu pour le moins dangereux, qui peut à la longue miner sévèrement la confiance des consommateurs. Au point de se poser une question, fondamentale: c’est quoi, du vin, au juste?
[…] d’osmose inverse et d’autres “merveilles” de la technologie moderne qui se cachent dans bien des bouteilles de cet état-phare de la viticulture américaine. Un peu comme à Hollywood, il arrive qu’à […]