La première fois que j’ai dégusté les pinots noirs (et un chardonnay) du Clos Jordanne, création conjointe de Boisset et de Vincor, c’était à l’automne 2006, en préparation d’un arrivage de nouveaux vins de la revue Cellier, en compagnie des Connaisseurs de la SAQ. Une fort belle dégustation de vins des Amériques où ces pinots bio s’étaient démarqués par leur finesse et leur subtilité. Un beau contraste, quand on déguste une cinquantaine de vins d’un continent qui tend à favoriser la puissance et l’exubérance.
C’est donc sans hésiter que je me suis procuré quelques bouteilles du millésime 2004, le premier commercialisé par la maison, lors de leur arrivée en succursale, au printemps 2007. Les vignes sont donc très jeunes, mais malgré tout, le vin montre une très grande promesse. Une bonne acidité, des arômes de fruit rouge, une bonne ampleur aromatique, à prix très convenable, les premières impressions étaient très bonnes, avec un accent bourguignon rarement goûté chez des pinots canadiens.
Presque un an plus tard, j’ai débouché ma dernière bouteille de Village réserve 2004, le « petit » vin de la maison. Je dois dire que la promesse se confirme. D’accord, il n’y a pas une grande profondeur – avec de toutes jeunes vignes, n’en demandont pas trop. Toutefois, les arômes se sont bien développées. L’acidité est rafraîchissante, mais s’est adoucie gentiment. Les parfums de fruits rouges sont toujours au rendez-vous, mais ils se sont enrichis d’un brin d’orange confite et de tabac et d’une touche de violette et de caramel. Les tannins sont fins et juste assez présents. Du bel ouvrage.
Vraiment, je me ferai un plaisir de suivre l’évolution des vins de cette maison qui prouve bien que les grands groupes industriels sont aussi capables de faire dans la dentelle. En laissant les vignes vieillir et s’ancrer dans le sol, avec une viticulture biologique attentive, les résultats devraient être de plus en plus convaincants.
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