Le ragoût de pattes et de boulettes, grand classique du temps des Fêtes, se trouve drôlement délaissé dans les recommandations de vins et mets. Ni le guide de François Chartier, ni celui de Michel Phaneuf ne font de suggestion à cet effet. Et sur Internet, je n’ai guère trouvé que deux recommandations sur le ragoût de boulettes, dans un article du site Jobboom (!), celles de Frédéric Gauthier, sommelier à l’Utopie, à Québec, et de Jessica Harnois, ex-sommelière du Globe, à Montréal, aujourd’hui à l’emploi de la SAQ.
Étant toujours prêt à me sacrifier pour la bonne cause, j’ai donc fait quelques tests avec le ragoût de ma mère, lors du souper de Noël familial, pour voir ce qui se marie le mieux à cette préparation en sauce.
Pour le blanc, je m’étais gardé un petit verre du blanc de l’apéro, la roussanne The Money Spider de la maison australienne d’Arenberg, ainsi nommée à cause des minuscules araignées erigoninae qui pullulent dans la parcelle, nous dit le site de la maison. Très parfumé et bien mûr, avec une touche de miel, mais porté par une bonne acidité, le vin avait ce qu’il faut pour enrichir les saveurs du plat, tout en coupant le gras et en allégeant le tout. Ce qui me fait dire qu’un blanc d’Alsace, comme un riesling bien parfumé, un muscat sec ou un mélange de cépages comme le Gentil de Hugel, ferait bien l’affaire pour des raisons similaires. Le cochon et les vins d’Alsace, c’est un classique, après tout.
Côté rouge, j’avais parié sur un vin fruité et pas trop corsé, un cabernet franc 2005 de Trius, une gamme très solide de la maison Hillebrand, dans le Niagara. Bien typé, avec de la cerise, un peu de poivre et une bonne fraîcheur, une robe d’un beau rouge vif, mais un boisé un peu trop présent à mon goût (il serait intéressant de voir le tout évoluer sur quelques années). Là aussi, comme pour le blanc, la fraîcheur comptait pour beaucoup dans l’heureux mariage avec le ragoût. Par comparaison, un côtes-du-rhône de Dupéré-Barrera, fait de grenache, de syrah et d’une toute petite touche de mourvèdre, paraissait un peu trop riche avec le plat. C’est un vin que j’apprécie beaucoup, pourtant, et qui est loin d’être excessif, pour la région: tout en rondeurs, subtil, ensoleillé, très pur. Il faut croire qu’un vin plus nordique va mieux avec ce plat fait pour affronter l’hiver québécois. Allons-y donc avec du cabernet franc, de Loire ou du Niagara, un gamay de Beaujolais ou d’Auvergne, ou encore un pinot noir sympathique de Suisse ou des petites appellations de Bourgogne – ou encore, du Niagara.
Le pinot noir, en prime, fera très bien avec la dinde ou même la tourtière, si votre repas a des allures de buffet pour un clan complet. Mais ça, comme qui dirait, c’est une autre histoire.
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