Vin on ne peut plus typique du Valais, le Fendant, fait de cépage chasselas, est un vin rafraîchissant, goûleyant à souhait, souvent marqué par une petite touche de gaz carbonique. Dans ce canton suisse, c’est le vin d’apéro par excellence, le vin qui accompagne à merveille les fondues et les raclettes, grâce à une acidité qui coupe bien le gras des fromages et un taux d’alcool relativement faible (souvent autour de 11%) qui en fait un véritable vin de soif.
Bref, c’est un vin qui se boit en jeunesse, non?
Deux ou trois fois, j’ai dégusté du fendant qui avait vieilli trois ou quatre ans en cave. Loin de se fatiguer, le vin avait plutôt gagné en arômes et en profondeur. Dans une dégustation de vins du Valais organisée pour un groupe d’amis, il y a sept ans, j’avais fait déguster, parmi une sélection de vins rouges et blancs, deux millésimes du Soleil de Sierre, le fendant de la maison Imesch. Le 1999 était friand, légèrement effervescent,tout à fait sympathique. Le 1995, lui, avait gagné de la rondeur, des arômes de miel, et sa minéralité était mieux mise en valeur.
En goûtant aujourd’hui un fendant 2003 du Domaine de Beudon, un vignoble bio perché sur un vertigineux plateau auquel on accède par des sentiers ou par téléphérique, j’ai eu cette même surprise agréable de constater à quel point le vin avait de la rondeur et de la richesse. La robe a de beaux reflets dorés, le nez a de l’abricot et de l’acacia, la bouche est grasse et crémeuse. L’acidité est bien fondue et une jolie petite amertume pointe en fin de bouche. Du très beau vin.
Après tout, l’ensoleillement de la vallée du Rhône est considérable, aussi intense que celui du sud de la vallée du Rhône, en fait. De quoi donner des vins mûrs et bien marqué par le caractère du terroir, qui ne manque pas de belle minéralité, sur ces coteaux souvent très pentus. Ce qu’on peut voir dans le fendant, bien sûr, mais aussi dans l’arvine, l’amigne, l’humagne, le cornalin ou la rèze, des cépages exclusifs à cette région tout à fait centrale de la production viticole suisse.
Avez-vous déjà dégusté du fendant surmaturé ? Ce cépage est souvent considéré comme pas suffisamment « noble » pour mériter de le laisser flétrir. Et pourtant, le résultat est très étonnant, d’une grande richesse aromatique. A découvrir !
Je n’ai pas eu la chance de déguster du surmaturé, mais ayant vu à quel point le fendant peut bien vieillir, je n’ai pas de doute que ça peut être intéressant. Le potentiel de ce vin est effectivement sous-estimé.
Bonjour Rémy,
Le fendant, ou plus généralement le chasselas, j’en suis devenu un inconditionnel.
Voila un vin de cépage qui ne me réserve quasiment que de bonnes surprises. Oui, ce cépage sous-estimé est capable d’un vieillissement des plus surprenant.
J’aime le caractère « tempéré » de ce vin, souvent de grande finesse, toujours aimable, prêt à discuter terroir.
En effet, si les deux grands reproches que l’on entend à son encontre sont sa faible acidité et son caractère aromatique plutôt neutre (encore que), la force du chasselas est de permettre au terroir sur lequel il est né de pouvoir s’exprimer avec force.
J’ai organisé l’an passé une dégustation de chasselas issus du grand cru Dézaley, dans le Lavaux. Que d’étonnements de la part des participants : vins toujours plus complèxes selon que l’âge des vins évoluait. Et là, nous étions gâtés : début de la dégustaition avec le millésime 2000, le plus vieux vin dégusté était un 1971. Hélas, ce dernier aura été le seul vin bouchonné parmi les près de 25 vins dégustés ce jour-là.
Jean-Marc Gatteron, rédacteur de la revue Le Rouge & Le Blanc a écrit un article sur cette dégustation. Il est consultable sur mon blog (Dézaley : retour en Suisse).
Voir aussi sur le blog de l’ami Olif qui a écrit avec le talent qu’on lui connait deux articles sur cette journée.
bien cordialement,
à bientôt,
Laurent Probst