C’était avec un grand plaisir que j’avais trouvé cette bouteille à Camden, dans le Maine, il y a quatre ou cinq ans. Ayant commencé à mettre des bouteilles à la cave il y a à peine plus d’une dizaine d’années, le 1991 était parti des étagères avant que j’aie pu penser l’acheter. Et puisque l’année est significative, le fait de retrouver une bouteille de ce millésime était un hasard particulièrement appréciée.
Depuis, je la gardais pour un anniversaire, que nous avons célébré samedi soir. Et hier midi.
En effet, j’avais sorti la bouteille un peu tard, samedi. Et puisque le vin montrait un dépôt important et surtout, très, très fin, je n’ai d’abord réussi qu’à en décanter la moitié pour le souper de samedi. C’était déjà très bien. Robe presque briquée, nez de champignons, de cuir et de sueur, avec un brin de tabac et de sous-bois: un grand classique de parfums secondaires et tertiaires, signe d’une évolution bien avancée. En bouche, une texture veloutée, des tannins fins et surprenamment légers, pour un vin de syrah, le tout avec un brin d’astringence en finale.
Le lendemain midi, le vin s’était ouvert un peu plus et livrait de plus de belles notes de cerise et un peu de fruit cuit et d’épices. Par ailleurs, l’astringence semblait s’être accrue quelque peu, tout comme la présence des tannins – mais c’était peut-être le palais qui avait bougé, autant que le vin.
Il aurait pu y avoir un peu plus d’intensité et de complexité. La longueur en bouche n’était pas non plus exceptionnelle. On ne s’est pas ennuyés, mais on sentait tout de même la différence entre ce très bon vin et un grand vin. Remarquez qu’il aurait vraisemblablement fallu que je paie beaucoup plus que la quarantaine de dollars déboursée pour cette bouteille, pour aller plus loin. Un peu de réalisme ne fait pas de tort, quand vient le temps d’apprécier un vin.
À chacun sa bouteille 
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