Ces jours-ci, j’ai le bonheur de me promener dans les coteaux du Roussillon, plus précisément à Calce, dans l’arrière-pays montagneux de Perpignan, sur la fin des vendanges. Puisque c’est la nature qui décide, je n’ai pas réussi à faire beaucoup de vendanges : les deux vignobles que le Domaine Matassa gardait pour la fin de la saison ont commencé à être attaqués par les sangliers, qui se régalent de raisin. Alors avant de tout perdre, la récolte a été réalisée juste avant que j’arrive.
Il reste bien quelques raisins dans quelques petits coteaux. Je compte bien m’y attaquer, ne serait-ce que pour comprendre cet exercice de la récolte du raisin.
Il reste aussi beaucoup d’autre boulot à faire. Embouteillage en mise en caisse de cuvées précédentes, transfert du contenu des cuves vers d’autres cuves ou des tonneaux, pour la fin de la fermentation et l’élevage, ou encore le pigeage, auquel j’ai participé vendredi dernier avec grand plaisir. Le pigeage consiste à faire redescendre le lourd chapeau de raisins qui macère dans les cuves avec le jus, afin qu’il se mélange bien au jus et que sa matière se retrouve bien dans le vin. Le tout consiste aussi à égaliser la température de fermentation, pour bien contrôler l’évolution du vin.
Dans un petit domaine comme Matassa, l’opération se fait avec les pieds et les jambes. On se tient aux côtés de la cuve et on cale les solides bien à fond, en s’enfonçant jusqu’à la cuisse. Et il ne faut pas tomber : le risque de noyade existe bel et bien. L’exercice est toutefois extrêmement satisfaisant : le contact avec la matière est immédiat, sensuel et exigeant. Perché sur le bord de la cuve, j’ai pu hûmer et même goûter le jus en fermentation, qui était tout simplement délicieux et que je contribuais à transformer en vin. Un sentiment extraordinaire.
Par rapport aux 18 heures par jour du plus fort des vendanges, les journées se sont tout de même calmées pour Tom Lubbe et son équipe, qui m’accueillent gentiment au Domaine Matassa, un exceptionnel vignoble cultivé en biodynamie et élevé à la cave dans un souci de naturel et de qualité tout à fait exemplaire. Les fins de Matassa déploient une fraîcheur et une intensité aromatique tout à fait surprenante, pour une région aussi chaude que le Roussillon. Les taux d’alcool sont gardés autour de 13% (alors que beaucoup vont chercher des 15% et plus en laissant le raisin mûrir longuement), ce qui donne aux vins une grande élégance.
Bref, j’aime beaucoup ça. Et je ne suis pas seul : les vins de Matassa, dont la première cuvée date de 2002, sont déjà disponibles en Angleterre, aux États-Unis, au Japon et au Québec, en importation privée, par l’entremise d’Insolite Importation. C’est par les bons soins d’Insolite (auquel je suis associé pour l’importation de quelques caisses de vin de Suisse, d’Espagne et des États-Unis) que j’ai rencontré Tom Lubbe, qui était à Montréal en février dernier à l’Occasion du festival Montréal en lumière. Il y était en tant que Sud-Africain, propriétaire de The Observatory, un domaine qui se mérite des critiques superlatives en Angleterre et parfois aux États-Unis. Là aussi, comme en Roussillon, ses vins se distinguent par une fraîcheur tout à fait inhabituelle.
Le voyage n’est pas fini, il me reste deux jours encore à en apprendre des paquets sur la vinification, la tenue d’un vignoble, et sur l’environnement superbe des vignobles du Roussillon. Tom Lubbe est un hôte exceptionnellement généreux, de son temps comme de ses connaissances. Je vous en reparle plus à fond très bientôt.
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